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- Maison abandonnée -

vitre cassée dans laquelle je marche/craque

des tiroirs de cuisine qui traînent partout

renversés dans le couloir

dans le salon.

Renversés jusqu’à dehors.

Sur tous les planchers des tiroirs brisés. Océan d’ustensiles. Mer d’étrangetés.

Puis, une paire de bottes de pluie tachée/salie. Et sur les murs le vent qui passe comme sur une peau morte. Une peau âgée, flétrie - c’est une tapisserie séchée/florale qui on le sait bien, ne reviendra plus. Des restants de bouteilles ouvertes, de bouteilles consommées. Des fils de fer qui se balancent/grincent, lourds, de par les trous noirs du plafond déchiré. Des trous de plafond qui semblent vouloir tout aspirer partout. Qui cherchent à bouffer le vide. S’en nourrir.

Quand on est une maison abandonnée/décapitée on prend ce qui passe devant nos déchirures, que je me dis. Parce que les visites sont rares et les repas, très éloignés.

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Avancer dans ce restant d’effondrement. Me sentir traversé par des corps brumeux. Silencieux. Derrière les portes presque vivantes qui s’ouvrent et se referment toutes seules. Doucement. Qui se balancent comme des enfants.

Penser aux fantômes.

À tout ce qu’ils font quand on ne regarde plus.

Et me dire alors qu’ils doivent faire tout plein de choses qui n’ont pas de nom.

Ni besoin d’explication.